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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 22:22

stab 6Vendredi France-Uruguay pour le premier jour de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, retour sur celle de 1930  gagnée par...l'Uruguay contre l'Argentine. En final un but du Soulier d'or de la compétition, l'argentin Guillermo Stabile ne suffira pas...

 

Dans les années trente beaucoup de footballeurs sud-américains vinrent exercer leurs talents en Italie. Les cas le plus fameux furent Raimundo Orsi, Luis Monti et Guillermo Stabile. Cette importation de footballeurs n'était pas qu'une mode exotique mais plutôt un retour de fils d'émigrants italiens vers la péninsule, eux que les circonstances avaient fait naître en Amérique du Sud.

L'arrivée de Julio Libonatti au Torino en 1925 avait constitué le premier cas de transfert d'un footballeur argentin en Italie. Bien mal accueilli d'ailleurs à l'époque par la presse argentine : " la première attaque coloniale dont souffrit le football créole ". Le président du Torino ( le Comte Maroni, directeur de Cinzano ) qui avait aimé le football pendant son enfance à Buenos Aires, voulait profiter des opportunités offertes par le marché sud-américain depuis la supériorité des équipes sud-américaines aux Jeux Olympiques d'Amsterdam en 1928 ( Finale : Uruguay- Argentine ). Les dirigeants de la Juventus contactèrent eux, Raimundo Orsi attaquant de l'équipe nationale argentine et vraie star de ces Jeux. Son transfert du club d'Independiente d'Avellaneda à la Juventus fut conclu pour 100.000 lires, chiffre somme toute raisonnable si l'on considère que l'année précédente la Juve avait dû débourser le double pour s'assurer la signature de l'international Umberto Calligaris.

xxxxDans les premiers jours d'octobre 1928 Raimundo Orsi débarque à Genova accompagné de sa femme, de son beau-frère et de son fils nouveau-né en Argentine. Son départ avait causé une vive émotion et la presse de Buenos Aires lança une campagne pour demander à la fédération argentine de ne pas donner l'autorisation nécessaire au joueur. " Il Mundo deportivo " écrivit : " Le transfert n'a pas été payé à la Juventus, mais directement au gouvernement fasciste " et le même journal définissait le joueur comme " un pur créole ". Suite à cette campagne de presse la fédération argentine refusa d'envoyer l'autorisation nécessaire et Orsi resta un an sans jouer des matchs officiels. Le cas se révéla bien plus complexe : le départ d'Orsi mit en évidence le risque pour le football argentin de voir ses fils ( d'émigrants italiens ) environ 1/3 de la population de Buenos Aires à cette époque, délaisser l'Amérique du sud pour rejoindre la péninsule italienne où le professionnalisme, de fait, était devenu plus gratifiant. La presse du Rio de la Plata se déchaîna : " les Italiens veulent construire une équipe nationale faite d'argentins. Le gouvernement fasciste cherche à convaincre les joueurs créoles d'accepter son argent pour les transformer en italiens " ).

En Argentine, Orsi travaillait comme employé dans une des compagnies ferroviaires argentines pour un modeste traitement auquel il ajoutait les primes du football ( rappelons que nous étions dans une période que nous pourrions définir de " professionnalisme marron " ). A son arrivée Raimundo ( il avait 27ans ) fut dépeint comme un homme d'origine modeste mais rapidement il devint un homme riche grâce à un traitement mensuel de 8.000 lires ( équivalent à huit fois celui d'un médecin ou d'un avocat ), une automobile personnelle ( une Fiat 509 ) et un appartement !
Durant ses sept ans " bianconera " Raimundo Orsi se révéla un excellent investissement en contribuant à la victoire de cinq championnats, outre la Coupe du Monde de 1934 avec l'Equipe nationale italienne. Son cas incarne la complexité inhérente à la double citoyenneté ; malgré que ses parents étaient nés dans la province de Gènes, Orsi à son arrivée parlait exclusivement espagnol. Ceci ne l'empêcha pas de réussir une rapide intégration et en un temps record il parlait couramment italien. Seulement un an après son arrivée il fut sélectionné pour la première fois sous le maillot bleu.
Pour la majorité des observateurs son arrivée contribua considérablement à améliorer la qualité de la sélection : " Pour le bien du football italien il est logique, admissible et nationaliste ( dans le bon sens du terme ) de regarder les fils de nos colonies, fils d'émigrants italiens. Ils peuvent toujours choisir de devenir italiens "

Durant l'hiver 1929 l'attaquant Renato Cesarini passa de Chacarita Juniors de Buenos Aires à la même Juventus pour un salaire mensuel de 4.000 lires.
Il était né en Italie à Senigallia en province d'Ancone en 1906 et émigra au tendre âge d'un an à Buenos Aires suivant sa famille. A 16 ans il débutait en " Nazionale " affublé immédiatement de deux surnoms : " El Pelotazo " (le magicien de la balle) et " El Tano " (l'italien). Italien de naissance il joua pour l'Italie et par la suite fut un éminent technicien de la Juve dans les années 50 et de River Plate dans les années 60. Un club argentin du district de Buenos Aires porte son nom : " le Renato Cesarini ". Extravagant, il tournait avec un singe sur l'épaule, allait au lit lorsque les copains se réveillaient, ne refusait pas une cigarette, de l'alcool et la compagnie de belles femmes...

xcccLa Juventus, vu le réservoir argentin, décida de continuer à investir et en 1931 engagea Luis Monti, le solide vice Champion du Monde 1930. La défaite en finale contre les cousins uruguayens avait déclenché une forte crise du football argentin et frappa même Luis Monti critiqué durement pour sa finale manquée. Suivirent des grèves et une lourde crise économique. Pour beaucoup de footballeurs le salut passait par l'Italie...
Luis Monti, était surtout un artiste et reste l'unique footballeur à avoir joué deux finales de Coupe du Monde pour deux nations différentes.
Perdant et " traître " en 1930, modèle national de force physique en 1934 sous le régime mussolinien...

stab 4Guillermo Stabile attaquant élégant et efficace surnommé " El Filtrador " ( pour sa facilité à pénétrer dans les défenses adverses, et son sens du but ), écrivit une page mémorable du football argentin en Uruguay pour la Coupe du Monde 1930. Alors qu'il n'était que le suppléant de Roberto Cherro ( le titulaire ) dans la première rencontre devant la France.
stab 3Guillermo était entré en jeu suite à une crise nerveuse dont souffrait Roberto. Finaliste de l'épreuve et meilleur buteur de cette Coupe du Monde il figure dorénavant parmi les légendes de ce sport.
Il signa pour la Genoa à la fin de cette même année. Il ne vint pas seul, mais accompagné de ses amis Esposto, Orlandini et Evaristo. Pourquoi l'Italie ? Car son père était italien de naissance, pendant que sa mère était née en Argentine de parents italiens. Il était le quatrième de dix frères d'une famille d'ouvriers. Il s'engagea comme italien aussitôt " parce qu'il espérait réussir à construire un futur pour ses parents, frères et sœurs ". En Argentine il travaillait au bureau de douane du port et ceci lui permit d'organiser son voyage à Gènes à bord du transatlantique Conte Rosso. Trois jours après son arrivée, Gullermo Stabile marqua trois buts sous son nouveau maillot et devint rapidement l'idole locale. Malheureusement, cependant, un accident à la jambe le tint pour plus d'un an éloigné des champs de jeu...

Ses compatriotes argentins venaient de plus belle en Italie comme ce trio composé de Stagnaro " El Pirato negro ", Guaita " El Conejito " et Scodelli " El Tano " en 1933 direction la Roma. Les " Oriundi " ces fils d'émigrants italiens utilisés en Equipe Nationale italienne dont on disait : " Ne pas les faire jouer en équipe Nationale viendrait à nier leurs qualités et leurs sentiments d'italien "
Ils furent, pour trois d'entre eux, Champions du Monde en 1934 dans le onze italien : Monti, Orsi et Guaita.

Le régime ( fasciste ) chercha à ne pas glorifier leur contribution, aucun d'entre eux reçut la décoration pour mérite sportif des mains du duce, alors que Meazza, Allemandi et Ferraris incarnaient à ses yeux les qualités chères à son régime.

1930 stabile rechtsEn raccrochant ses chaussures de footballeur, après un passage au Napoli et au Red Star, Guillermo Stabile devint entraîneur des équipes de Huracan, Racing et très longtemps la sélection argentine, de 1939 à 1960.
Il a ensuite été le directeur de l'Ecole de Formation de son pays, jusqu'à son décès en 1966, à 60 ans.

Guillermo Stabile Né le 17 janvier 1905 à Buenos-Aires, décédé le 27 décembre 1966. CLUBS 1920-1930 Huracan 1930-1935 Genoa 1935-1936 SSC Napoli 1936-1939 Red Star

PALMARES 1930 Finaliste de la Coupe du Monde en Uruguay, meilleur buteur de la Coupe du Monde ( 8 buts ) 1921, 1922, 1925, 1928 Champion d'Argentine ( Huracan ) 1939 Champion de Division 2 ( Red Star )

ENTRAINEUR 1937-1940 Red Star 1939-1960 Equipe nationale d'Argentine 1941, 1945, 1946, 1955 et 1957 vainqueur de la Copa America 1940-1949 Huracan 1949-60 Racing Club de Avellaneda Champion d'Argentine 1949, 1950 et 1951

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